Tuesday, January 10, 2006

Chamanisme Bönpo



LE CULTE DES NAGAS (klu) AU TIBET

La maison a ses dieux. Parmi les principaux, donc, le maître du sol. Dans la pièce du foyer résident le dieu de la cuisine (khyim-lha), attaché au pilier, et le dieu du foyer (thab-lha) : ils ont un rôle à jouer pour protéger la demeure. Ce sont toutefois les esprits de la source voisine et le dieu du pays, celui de la montagne sacrée, qui importent le plus en matière de pouvoirs.

Les dieux de la maison protègent la demeure, à la même enseigne que le dieu du pays à l'égard du territoire. Cette protection n'est pas gratuite : il leur faut des offrandes, ils exigent la pureté, l'ordre, que chacun soit à sa place, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Si les catégories se brouillent ou que les espaces se mêlent, si la souillure pénètre à l'intérieur des murs, alors ils se retirent, leur rempart s'effondre, malheur et maladie déferlent sur la maison. Mais si dans la maison la loi est respectée, ils sont doublement efficaces. Ils protègent contre les dangers du dehors ; à l'intérieur, ils accordent puissance et prospérité.

L'hiver, les esprits klu sont endormis, mais, l'été, quand croassent les grenouilles, on sait qu'ils sont bien réveillés. Les klu sont des femelles et chaque maison a la sienne, attitrée, différente de celle des autres maisons et de celles du village. Elle habite une source, un arbre. Si la source est polluée, si un malotru s'y lave les pieds, la klu est en colère, il faut l'apaiser : c'est Khéyadjé ou Namltha, les devins du village, qui savent et qui décident. Chez les Karmay, il y a une source dans le grand champ où l'on cultive le blé : c'est là qu'elle demeure. Chaque année, à l'époque où mûrissent les légumes et les fruits quand les fleurs jonchent encore l'herbe des pâtures, on fait l'"offrande aux klu". La maîtresse de maison joue son rôle et, ce jour-là, l'esprit de la source lui renouvelle le pouvoir particulier qui est le sien à l'intérieur de la demeure. Car c'est des esprits klu qu'une femme tire son autorité.

Deux jours durant, on prépare la fête. La saleté répugnant aux klu, on revêt des vêtements propres, on nettoie la maison de fond en comble. Les mauvaises odeurs irritent les klu et pendant ces deux jours, les menus sont particuliers : il est interdit de manger de la viande et d'en faire griller. La maison doit être pure. A l'étage, la grande porte reste ouverte, comme d'habitude. Mais si un meurtrier, Tatsang par exemple, franchit le seuil, c'est de mauvais augure. Il le sait. Il passe son chemin sans s'arrêter. On envoie les enfants aux champs. Ils en rapportent toutes sortes de fleurs, de plantes. Ils vont tirer de l'eau pure à la source. Il faut aussi avoir du lait pour l'autel aux klu que l'on édifie comme un mandala à l'intérieur de la maison. Au centre, la reine des klu, autour on dispose les fleurs, les offrandes. Jamais on n'offre de sang ou de viande ; la klu n'accepterait pas. Ses nourritures sont pures, ce sont le lait, le fromage et le beurre, les "trois blancs". La maîtresse de maison prépare le gâteau des klu.

Le jour dit, on fait appel à Namkha et Khéyadjé, les deux officiants bönpos qui habitent le village. Quand ils arrivent, on les installe dans la chapelle. Les deux Jours suivants, ils y accomplissent le rituel selon la liturgie bönpo. Une part du culte se déroule dans la pièce du foyer pourtant réservée aux habitants de la demeure.
L'après-midi du second jour, la maîtresse de maison se prépare à se rendre à la source pour aller porter les offrandes à l'esprit klu.
Dans un panier, elle enfourne ce qu'il faut : la "reine des klu", les fleurs, l'eau pure dans un bidon, le beurre frais, le fromage, la farine d'orge grillée. La femme glisse le gâteau dans le drapé de sa chouba. Le panier sur l'épaule, elle sort de la maison. L'un des enfants court derrière elle, c'est loin, il est petit, il pose des questions pendant tout le trajet, mais sa mère ne répond pas, il se demande pourquoi. C'est que, sur le chemin de la source, la femme ne doit parler à quiconque. Arrivée dans le champ, elle dépose son fardeau et sort les offrandes ; debout devant la source, elle les jette dans l'eau, les fleurs, le lait, le beurre, tout. Puis elle tire le gâteau des plis de sa blouse et, le montrant à l'esprit de la source, lui dit : "Grand-mère ! Ouvre la porte ! " Elle cache à nouveau le gâteau dans son sein pour le rapporter à la maison. Alors seulement, elle peut parler, au grand soulagement du garçon qui trottine derrière elle.

Philippe SAGANT et Samtem KARMAY, lama bönpo et directeur de recherche au CNRS, "Les Neuf Forces de l’Homme".


Tuesday, January 03, 2006

Qui a donné l'argent pour acheter le château de la Modtais ?






Le sangha Yungdrung Bön de Tenzin Namdak lors de la retraite du Vitou (Normandie). 

Les disciples du gourou tibétain appartiennent à des catégories sociaux-professionnelles modestes.

Les hiérarques tibétains parlent beaucoup d'argent. Lors de
la retraite en Normandie, ils se rendaient à de mystérieux rendez-vous. Même en qualité de membre de la congrégation yungdrung Bön, je n'étais jamais convié à ces rencontres.

Pourquoi les véritables bailleurs de fonds se cachent-ils ?

Jean-Louis M., un homme politique de droite, a joué un rôle discret mais décisif dans l'implantation du lamaïsme Bönpo en France.  


Des tibétologues, Monsieur A et Monsieur C, participent à la diffusion des doctrines tibétaines. Ils ont été photographiés lors de la retraite normande (Monsieur C en haut, au premier plan, a contribué au succès de Sogyal, le gourou de Rigpa épinglé par la journaliste Elodie Emery. Monsieur A, en bas, est à la gauche d'un gourou bönpo).




Photos du prospectus distribué par les sectateurs du lamaïsme Bönpo.