Tuesday, May 09, 2006

Mégalomanie immobilière





Les lamas bönpos rejoignent à leur tour le club des gourous châtelains. 

" C’est une constante, écrit Gilles Gaetner, la plupart des sectes investissent dans la pierre, en achetant châteaux, manoirs et autres gentilhommières. Destinés à accueillir les adeptes, ils permettent également aux dirigeants d'y vivre luxueusement. "

La mise en garde de l’annuaire du bouddhisme http://www.geocities.com/Athens/8063/html/centres.htm corrobore les nombreuses déviances du lamaïsme dénoncées par bouddhanar :


" Cette mise en garde a le don d'énerver un certain nombre de néo-bouddhistes d'esprit moderne mais en aucun cas nous ne supprimerons cet avertissement. Toutes les religions sont actuellement dégradées et le bouddhisme n'échappe pas à la règle. On se doit d'être prudent et même très exigeant en fait d'honnêteté intellectuelle. Renoncer à cette exigence serait faire le jeu des groupes de pression antisectaires qui visent, à terme, la destruction de toutes les religions encore valides sous prétexte qu'il s'agirait de "sectes"...

L'implantation du bouddhisme tibétain en Europe et dans le "Nouveau Monde" étant en partie la conséquence d'une crise spirituelle qui s'est exprimée entr'autres manifestations dans les courants "hippie" et "baba cool" (tout cela ayant été refondu dans le grande soupe de la mentalité dite new age), il fallait s'attendre à bien des confusions et des "ratés" au départ de la vie des centres. Avec le temps, certaines erreurs se sont atténuées mais sans vraiment disparaître complètement puisque le public a toujours beaucoup de mal à admettre que le bouddhisme n'est pas une méthode de développement personnel mais, avant toute chose, une voie de salut et de délivrance, c'est-à-dire ce que l'on appelle en fait une "religion" ou, dans certains cas, une voie initiatique à part entière.

Certains centres ont souffert de détournements et de scandales divers. Ces choses là se sont tassées mais nous tenons à rappeler que les conditions qui ont amené ces désordres, souvent par manque de transparence, n'ont pas été entièrement éliminées: bien des points touchant à l'organisation des centres, à leur gestion et à leur encadrement, demeurent assez discutables. En règle générale, les grands centres souffrent d'une certaine mégalomanie immobilière ancienne. Avant la fameuse crise, du côté des centres kagyupas surtout, l'argent des dons coulait à flot, il a été souvent mal employé et les centres subissent maintenant le contrecoup de leur folle politique et sont terriblement endettés. Cela provient entr'autre du fait que l'on a trop usé, et même abusé, du crédit excessif accordé par les médias au néo-bouddhisme occidental.

Nous avons, en ce qui concerne plus spécialement l'Institut Karma Ling, des reproches particuliers à faire à ses responsables qui ont manifestement tablé sur le crédit de René Guénon et de son oeuvre monumentale pour attirer à eux une clientèle plus intellectuelle sans jamais développer la rigueur qu'un tel patronnage aurait du impliquer. Les échos de certaines polémiques figurent ici pour mémoire et nous n'y attachons pas d'importance excessive car la roue tourne... "


On a aussi relevé que des lamas tibétains de la Nouvelle Tradition Kadampa préfèrent le luxe d’une demeure seigneuriale au mode de vie du philosophe SDF nommé Siddharta Gautama, dit le Bouddha.

De leur côté, les lamas Bönpo sont confortablement installés dans le château de la Modtais, à côté de Blou, Maine et Loire (photo ci-dessus).


Marc Bosche écrit :

" Vous avez raison de souligner l'obsession immobilière de
certains lamas. Puisqu'en réalité être bouddhiste ne nécessite aucun domaine, nul château, méditer peut se faire sur son lit ou ailleurs, n'importe où pourvu qu'on soit dans un lieu sain, isolé et tranquille, et la pratique elle-même n'a besoin ni de grands chapiteau, ni de temples, ni de centres du dharma à l'architecture choisie. Au contraire ces centres grouillant de touristes spirituels (qu'ils me pardonnent de les appeler ainsi) doivent être des divertissements sans fin pour ceux qui voudraient y méditer. Et en plus l'architecture médiévale des châteaux est pleine d'humidité, de salles immenses, trop hautes, et de courants d'air. Elle ne convient pas, en tout cas pas mieux qu'une modeste HLM dans un quartier tranquille, avec quelques arbres autour et une petite pelouse devant."

La mégalomanie de certains hiérarques bouddhistes surprend par son côté ubuesque et tellement contraire à l’enseignement du Bouddha. Dans son roman " Nirvana, le réveil des oiseaux ", Marc Bosche dépeint une cinglante leçon d’humilité donnée par le dalaï-lama (" daïla lama ", dans le roman) à un Vajracarya occidental trop outrecuidant, nommé " lama Tchenrézys ".

" Le daïla lama était connu pour sa fermeté. Il n’hésitait jamais à remettre en place les ego hypertrophiés des " maîtres ". Parmi ces derniers, certains, imprudents, aimaient à " parader " en public, profitant même de la célébrité du daïla lama pour briller de tous leurs feux…

" A cet égard, la première des deux visites fut pour lama Tchenrézys, Abbé occidental d’un autre monastère himalayen, établi lui aussi en Europe. Notre Tchenrézys s’était un peu pris au jeu de la notoriété, avec quelques belles " réussites " d’ailleurs ! Il avait fait réaliser par un bijoutier une grosse chevalière ressemblant à celle des évêques, qu’il arborait dignement à son doigt – car il avait désormais le statut qu’ont aussi ces prélats catholiques.
" Pour préparer l’apparition en public du daïla lama, lama Tchenrézys avait obtenu, du musée de sa région, le prêt de deux superbes fauteuils haute époque, sur lesquels il se proposait tout à la fois d ‘asseoir le daïla lama et lui-même, à égalité en quelque sorte, pour un moment prestigieux en public ! Mais le daïla lama ne l’entendit pas de cette oreille. Mis sur l’estrade, face au public rassemblé, devant le fait accompli, il refusa l’élégance aristocratique des vastes fauteuils ancien régime. Il demanda à la place deux simples coussins qu’il fit poser sur le champ, à même les planches, pour lui et son hôte Tchenrézys…

" Après ce camouflé, une petite réunion fort animée avec les bénévoles de cette communauté occidentale s’ensuivit. Le daïla lama y expliqua aux bonnes volontés qu’il ne fallait se confier qu’à un maître véritablement réalisé… Chacun comprit à demi-mot, et le centre bouddhiste se vida en quelques jours de ses bénévoles.

" Ils laissèrent donc le fringant Tchenrézys, Supérieur nouvellement promu à ce statut officiel, tout désemparé dans son abbaye médiévale récemment rénovée en congrégation religieuse.

" Tchenrézys réalisa ainsi qu’il était allé trop loin. Il fit le nécessaire, suite à la visite du daïla lama, pour retrouver la simplicité… "


NIRVANA, le réveil des oiseaux

Sans se départir d’un humour irrésistible, la narration imaginaire de Marc Bosche semble s’inspirer d’expériences profondes, d’un vécu initiatique. " Niravana, le réveil des oiseaux " serait-il un roman à clé ?

Le lecteur découvre, sur un fond de lamaïsme perverti, des récits d’Expérience de Mort Imminente (EMI), des procédés occultes, les antiques techniques du rêve éveillé dirigé, connues de toutes les sociétés traditionnelles, des présences subtiles et prédatrices. Marc Bosche révèle une partie méconnue du bouddhisme tantrique.

La présence bienveillante de Gondor, probablement le vieux sage himalayen que l’auteur a bien connu, et du daïla lama symbolise dans le roman le côté lumineux du Vajarayana. Le livre s’articule autour d’une terrifiante énigme. La mort rode autour des ermitages tantriques, le côté obscur du Vajrayana a-t-il été déchaîné ?

" Nirvana, le réveil des oiseaux " est un thriller drôle, passionnant et quelque peu initiatique.

L’initiation authentique permet de triompher de l’effrayant gardien du seuil et des influences de l’inframonde. En revanche, le spiritualisme contemporain édulcoré et tronqué, qui commercialise le tantrisme himalayen, pourrait précipiter des imprudents dans les ténèbres de la " contre-tradition ", selon une expression de René Guénon.