Quelle étonnante présentation ! La congrégation installée au château de la Modtais, à côté de Blou dans le Maine et Loire, n’est pas bouddhiste. Il s’agit de la congrégation bönpo de Shenten Dargyé Ling.
La nuance est de taille. Dans le N° 108 de la revue Autrement, le Tibétain Samten Karmay, guéshé bönpo et directeur de recherches au CNRS, écrit :
" Les bouddhistes ont toujours cherché à convertir les bönpos. Dans la première moitié du 20ème siècle, le lama guélougpa, Phabong Khawa Déchèn Nyingpo (1848-1941), importante incarnation du monastère de Séra, au Tibet central, a eu une très importante activité missionnaire envers la population bönpo de la région de Hor (appelée actuellement Bachèn), et celle de Khyoungpo, au Khams. Une histoire très connue raconte qu’un jour il dut se rendre dans un lieu bönpo – dont j’ai oublié le nom. Pour quitter la région, il traversa une rivière. Arrivé sur l’autre rive, il s’assit au bord de l’eau pour se laver les pieds, en disant que cela était nécessaire car il venait de se rendre sur des terres bönpos. "
Le quatorzième Dalaï-lama en reconnaissant les bönpos a fait un habile calcul politique. Au Tibet, les Chinois ne sont pas les génocidaires dépeints par la propagande occidentale. Depuis le départ des exploiteurs (nobles et hiérarques religieux), la condition du peuple tibétain s’est considérablement améliorée. En outre, les Chinois ont même participé financièrement à l’édition du canon bönpo ; ce qui n’aurait pas été possible sous le règne des dalaï-lamas. Devant l’attitude des Chinois, le 14ème dalaï-lama devait affirmer son leadership en coiffant la tiare du Bön et en reconnaissant cette tradition comme la cinquième école religieuse du Tibet. En contrepartie, le 33ème Abbé de Menri, Sa Sainteté Lounktok Tenpei Nyima, pouvait financer les travaux d'agrandissement de son monastère grâce à l’argent du dalaï-lama.
Dans le reportage, Cornu exhorte à étudier et à pratiquer. En matière de spiritualité, il est très imprudent de suivre de telles recommandations sans bien connaître les enseignants et leur degré de réalisation spirituelle.
Les rivalités, les commérages et le mercantilisme sont les marques les plus apparentes de la contre-tradition. Or, le groupe de pratiquants du néo-bön a toujours était secoué par des conflits de personnalités. Il y a quelques années, des responsables occidentaux de ce courant en arrivèrent aux mains…
L’Absolu rend humble. Un processus spirituel valable est très différent de ce que propose Cornu. C’est avec la découverte d’une sorte de simplicité intrinsèque que débute la véritable voie. L’adepte est conduit par la Docte Ignorance, la lumière du cœur, qui ne se trouve ni dans les textes ni dans les paroles d’érudits.
Le néo-bön et le néo-bouddhisme participent à un spiritualisme mondial ambigu.
Souvenirs d’une retraite néo-bön :
http://bouddhanar-7.blogspot.com/2007/03/trois-semaines-et-demi.html